L'Archipel des 3 Emeraudes (RP "multijoueur")

Univers: Fantasy, inspiré de notre XVIIIème siècle (piraterie, expéditions maritimes etc..) avec une petite touche de steampunk pour qui veut (et comme ça on ne sera pas obligé de faire faire de la magie aux nains).
Votre personnages démarrera de préférence d'un des lieux déjà répertoriés sauf 05 et 06. Seul les lieux importants au contexte sont indiqués sur la carte afin de ne pas la surcharger et laisser aux participants le soin d'imaginer le reste. la carte, elle, ne bouge pas.


01-Île Emeraldia : La plus grande de l’Archipel. Presque 400km dans sa partie la plus longue. Elle est principalement constituée de forêt très dense. Elle était à l’origine peuplée uniquement d’Elfe, et de quelques tribus de petite-personnes dans la partie Est qui est peu forestière. Ces plaines de l’Est forment aujourd’hui la Grande-Terre du Royaume de L’Exode.

02-Île de Sombre-Roche : île montagneuse de 100km sur 100km environ. C’est sur la côte Sud-Ouest de celle-ci que débarqua pour la première fois Ordo le Navigateur ou il fonda la colonie de Doros. Mais il ne resta pas longtemps, car il fut rappelé vers les Anciens Royaumes ; Il revint 5 ans plus tard à la tête d’une flotte de 37 vaisseaux avec à leur bord tout se qui restait des peuples qui avez fuis pour survivre à la Grande Destruction.

03-Île de la Petite Emeraude : Peu de chose à dire sur ces lieux. L’île est très verdoyante mais aussi montagneuses. Le relief y est très accidenté et ses côtes rocheuses rendent celle-ci difficile d’accès.
Sa position excentrée par rapport a l’Archipel en fait un lieu idéal pour ceux qui sont en froid avec la justice des Royaumes.

04-Île de Tessalune : Cette île en croissant de lune forme à elle seule le Pays de Tessalune. Les Elfes la gardent jalousement et semblent y attacher une importance particulière.


--Le reste de l’Archipel est constitué d’îles beaucoup plus modestes. Elles sont plus ou moins peuplées par les Elfes et autre races originaires des lieux mais ne tombent sous la juridiction d’aucun royaume.
Des légendes, mystères et autres histoires de marin tournent autour de la plupart d’entre elles.--

05- A l’est: Route Maritime vers l’Ancien Monde : suivre la route Nord Ouest ¼ Nord depuis Doros. 90 jours de navigations estimés. Arrivée : les Hautes-Terres de Trémérande (du moins se qu'il en reste...).

06-Route Maritime vers les terres inexplorées par les Exilés : une terre aurait était aperçu à 34 jours de navigation ; route à suivre : Est Nord Est depuis Doros.

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1-Royaume de L’Exode : Ce jeune et fragile royaume n’existe que depuis une trentaine d’année. Il a été fondé par les Exilés, seuls survivants à la Destruction de l’immense continent de l’ouest.

Sa population :
L’Exode est peuplé en grande partie d’humain, mais les petites races (halfelins, gnome) y sont largement représentées. Les Nains sont aussi présents, mais bien que faisant partie de l’Exode, ils ont choisis de refonder une communauté traditionnelle en la cité de Cave-Neuve. La communauté Elfe est quasiment absente au Royaume de l’Exode. Les Elfes des anciens royaumes n’ayant pas suivie les Exilés. On ignore d’ailleurs se qu’il est advenu de ces peuples.
Quand aux Elfes autochtone, ils évitent généralement de se mêler aux Exilés.

Son Organisation :
Le Royaume n’a connu encore qu’un seul Roi : Ordo le Navigateur, meneur des Exilés et fondateur de la première colonie dans se que l’Exode appelle le Nouveau Monde. Depuis 30 ans il règne sur le Royaume de L’Exode et tente tant bien que mal de rester en bon terme avec les communautés Elfes autochtones de l’Archipel. Il s’est entouré d’une assemblée sénatoriale pour l’aider à maintenir ce fragile équilibre.
La population du royaume est regroupée principalement dans les cités portuaires de Doros/Cave-Neuve et de Port-le-Neuf.

11- Libre-Cœur : la Citadelle de Libre-Cœur, toujours en construction, abrite les structures militaires terrestres, elle sera le dernier bastion du Royaume en cas d’invasion.
12-Port-le-Neuf : Aujourd’hui la plus importante citée du Royaume de L’Exode, son port est capable de construire, réparer et accueillir les plus gros bâtiments de la flotte royale grâce à son chantier-naval.
Un complexe de forts, murs et tours muni de canon assure la défense de sa population.
13-Doros: Plus petite que Port-neuf, mais tout aussi importante. Elle fut la première citée bâtie par les Exilés.
14-Cave-Neuve : Complexe souterrain majestueusement creusé dans la montagne par la communauté naine. C’est ici que vie la population naine des Exilés.
Cave-neuve et Doros constitue en fait une seule est même ville.

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2-Pays de Nelassan : partie Nord de l’île principale. Il est délimité par les montagnes au sud et le fleuve Solafën à l’Est. Il est constitué exclusivement de forêt, et est habité par les Elfe
21-Nelassan : Citée Elfe, capitale du Pays de Nalassan. Sa position exacte demeure inconnue du Royaume de L’Exode
23-Melena : Citée portuaire du Pays de Nelassan. Peut abriter la flotte de guerre Elfe. Les Exilés sont autorisé dans cette citée, pour les échanges commerciaux notamment, mais l’estuaire est bien gardé.

3-Pays de Dunerön : partie Sud de l’île principale. Il est délimité au nord par les montagnes et à l’Est par le fleuve Elbën. Ce pays est constitué de forêt mais aussi d’immenses clairières naturelles.
Les Humains n’y sont guère tolérés. La population est majoritairement constituée d’Elfes autochtones, mais certaine communauté Halfelines se sont formée dans les clairières ; ce sont des cultivateurs souhaitant vivre à l’écart du reste de l’Archipel. Ils sont tolérés par les Elfes et les deux races entretiennent des relations plus qu’amicales
31-Dunerön : Capitale Elfes du pays du même nom, même les halfelins des Clairières n’y ont jamais mis les pieds.
32-Uldarow : Port Elfe de grande importance. Les Elfe y entretiennent le gros de leur flotte. Comme pour Melena, les Elfes tolèrent les étrangers, mais la baies est étroitement surveillée par les navires patrouilleurs Elfes.

4-Île de Tessalune : Cette île tout en forme de croissant de lune est le troisième pays du royaume Elfes. Principalement constituée de forêts, mais aussi de montagnes très difficiles d’accès. Ceux qui ne sont pas de la gente Elfique prennent de gros risques en y débarquant.
41-Tessalune : Capitale du pays de Tessalune. Elle se situerait au cœur des montagnes, cachée dans la forêt. C’est là que seraient formés, dans une académie secrète, l’élite du royaume Elfe.
42-Lune-Vent : Port militaire Elfe. Ici sont construits les bâtiments de la flotte Elfe. L’endroit est bien gardé et les étrangers n’y sont pas les bienvenues.

Préambule :

Le son des cloches résonnait lugubrement dans les rues de la citadelle. Du haut de son perchoir, Sveslania observait le cortège remonter lentement la rue pavée ; Citoyens, gardes, notables, prêtres, la jeune femme pouvait lire la tristesse sur tout les visages. Malgré la distance et le son des cloches, elle pouvait entendre les prières des prêtres qui encadraient les deux chariots funéraires.
La jeune femme ne put retenir un sanglot lorsque le cortège s’arrêta devant le mausolée. Elle pouvait voir toute la cérémonie funéraire, les corps soigneusement embaumés étaient déchargés des chariots, afin d’êtres transporté à l’intérieur du monument où ils reposeraient à jamais tandis que leur âmes trouveraient le chemin vers une paix éternelle. Sveslania voyait tout cela de loin, bien que faisant partie de la famille des défunts, elle ne s’était pas senti à participer à la cérémonie qui selon elle ne manquerait pas d’attirer les vautours de la classe politique.

La foule s’amassa à l’entrée du mausolée et s’agenouilla. Tous voulaient rendre un dernier hommage au Roi Ordo et à son fils Fenris.
Ce dernier avait péri prématurément au moment ou on le rappelait pour accompagner son père dans ses dernier instants ; dans sa hâte l’Amiral Fenris avait décidé de conduire son vaisseau de ligne sur une voie peu empruntée où il fut prit dans une embuscade dont il ne put se sortir. Son corps fut ramené à Libre-Cœur par quelques vaillants marins qui avaient survécu au massacre. Le dernier souffle du Roi s’éteignit avant même que le corps de son fils ne franchisse les murs de la citadelle.

Les portes du mausolée se refermèrent. Sveslania ressenti un grand vide en elle au moment où celles-ci claquèrent sur la pierre suivi du crissement caractéristique des mécanismes de verrouillage. La jeune femme réalisait qu’elle venait de perdre tous ceux qu’elle aimait et qui l’avaient aimée. Maintenant que son père et son demi-frère n’étaient plus, elle était seule, ou presque ; sa demi-sœur Elfride la Bienveillante et Dame Protectrice du Royaume, son ainée, serait couronnée Reine de l’Exode dans les prochains jours.

Sveslania sursauta, un corbeau venait de se poser sur le fût du canon sur lequel elle était appuyée et vint croasser dans son oreille. Elle frissonna. La jeune femme regarda en bas. La cérémonie touchait à sa fin. La foule s’était dispersée, tandis que des petits groupes de notables se formaient pour débattre de l’événement. Parmi eux quelques sénateurs qui attendaient respectueusement que la future Reine eût rendu un ultime hommage aux défunts. Sveslania recula du parapet et quitta son observatoire. Elle descendit les escaliers de la tour et coupa par les fortifications pour se rendre au palais sans avoir à croiser d’autres personne, hormis les gardes qui, eux, ne poseraient pas de questions autres que celles inhérentes à leur métier.

Et maintenant c'est partie



Une semaine plus tard, dans les appartements du palais royal…

Gravissant péniblement les escaliers, car mal réveillée, Sveslania se demandait encore pourquoi elle était debout de si bonne heure. Le soleil lui-même venait à peine de se lever complètement et deux des trois lunes étaient encore visibles dans le ciel. Tout en maudissant intérieurement la servante qui l’avait tirée du lit elle arriva devant le bureau où la Reine, sa demi-sœur, l’avait fait mandée.
Elle fit comprendre au garde, lui aussi encore mal éveillé, qu’elle était attendu à l’intérieur. La jeune femme poussa la lourde porte de bois et entra sans grand entrain.
La pièce, déjà baignée par les premiers rayons de soleil, lui fit cligner des yeux et il lui fallu quelque instant avant de s’habituer à la luminosité des lieux.
Elle reconnu la silhouette de sa demi-sœur qui se détachait dans l’encadrement de la fenêtre. Sveslania ne put s’empêcher de dévisager longuement cette dernière. Cinq jours avaient passé depuis le couronnement d’Elfride, mais pour la première fois, Sveslania prit conscience du nouveau statut de sa demi-sœur. Elle se sentit soudainement intimidée, ne sachant pour le coup comment s’adresser à la personne qui se tenait devant elle. Constatant le mutisme de sa jeune demi-sœur, Elfride se retourna et se sentie soudainement exaspérée. Il faut dire que Sveslania avait une dégaine digne d’une rescapée d’une nuit blanche où le rhum aurait était le thème principal de la soirée et Elfride soupçonnait que cela devait effectivement être le cas. Elle prit la parole en essayant de garder son calme.
-Aujourd’hui le Sénat se réunit dans une assemblée extraordinaire…
Sveslania leva les yeux vers son ainée et lui lança un regard de reproche qui devait signifier quelque chose comme : « Et c’est pour cela que tu m’as fait lever ? », mais Elfride continua comme si de rien n’était :
-..Afin de débattre sur… les événements récents et sur la conduite à tenir. Comprends bien que la disparition de Fenris, a laissée un grand vide, et pas que dans nos cœurs. Et beaucoup de nos plus braves compatriotes ont également péris cette nuit. Pour Père... c'est différent, il était mourant, on s'y était préparé... Le Royaume tout entier est ébranlé par ce coup du sort. T’as présence est requise au Sénat et tu iras sans faire d'histoire.
Sveslania qui avait toujours prit soin d’esquiver tout ce qui touche à la politique allait riposter mais la Reine anticipa et se fit plus sévère:
-Si notre défunt père a prit la peine de te prendre sous son aile et de ne pas te considérer comme une simple bâtarde, c’est qu’il croyait pouvoir faire quelque chose de toi. Il t’a reconnu comme sa fille et aux yeux de tous tu es fille de Roi en ce Royaume. Tu as vingt ans maintenant, il est temps pour toi de prendre tes responsabilités. Ou tu te comportes comme un membre de la famille royale… Ou... Tu n’as rien à faire ici.
Sveslania fit la moue. Elle ne s’était jamais sentie apprécié par son ainée, mais jamais elle ne lui avait parlé comme ça.
Elfride fit une pause dans son discours puis se pencha vers sa demi-sœur en posant les bras sur ses épaules. Son visage et le ton de sa voix s’étaient radoucis :
-J’ai besoin de toi petite sœur… et eux aussi.
La Reine se redressa et appela d’une voix fort une de ses suivantes. Une gnome un peu rondelette entra dans le bureau, salua la Reine et attendit ses instructions.
-Divianne, arrange toi pour que ma sœur ressemble enfin à une la fille d’un roi et non à la reine des voleuses. Dans deux heures nous devons être au Sénat.
L’intéressée regarda Sveslania et ne put s’empêcher d’esquisser un sourire puis se tourna vers Elfride :
-Bien, votre Altesse peut compter sur moi.
Puis s'adressant à Sveslania pour qui tout allait un peu vite:
-Si Mademoiselle veut bien me suivre…

Sveslania encore mal éveillée, suivi tel un zombie, Divianne la suivante de la Reine, dans les couloirs du palais jusqu’à atteindre la chambre de la princesse. La suivante, qui avait un fort caractère, referma les portes de la chambre et elle invita Sveslania à se réveiller à l’aide d’un bain froid pendant qu’elle allait fouiller dans la garde robe de la princesse. La gnome eut toute les peine du monde à trouver une tenue en bon état ; En effet Sveslania préférait se vêtir confortablement et de façon simple pour pouvoir vagabonder à son aise hors des murs du palais et n’avait de ce fait pas renouvelé sa garde robe depuis des années. Divianne tomba finalement sur un ensemble noir brodé de jaune or qui semblait convenir. Restait à savoir si la robe, qui reposait là depuis plusieurs années sans doute, serait à la bonne taille. Sveslania vit la gnome revenir avec la robe qu’elle lui imposa d’essayer. La jeune femme fit la grimace mais ne tenta pas de résister à la suivante. D’autant plus qu’elle savait que sa demi-sœur Elfride lui avait donnée carte blanche. Sveslania enfila, à contrecœur, la robe qui lui allait parfaitement au grand soulagement de Divianne. Il faut dire que la princesse était plutôt petite pour une humaine, un mètre cinquante voir un peu plus, et sa croissance c’était arrêtée depuis quelques années déjà. Mais si sa mère, comme le supposait certain, était de sang elfique, cela n’avait rien d’étonnant.
Divianne réussit ensuite un tour de force en faisant enfiler à la jeune femme un élégant corset assortit à la robe. Mais pour cela la brave suivante dut élever la voix, faire les gros yeux, et rappeler à la princesse qu’elle agissait sous les ordres directs de la reine en personne.
Quand Sveslania s’avoua vaincue, la gnome entreprit de serrer le corset. La princesse eut alors l’impression d’avoir les côtes écrasées. Diviane avait furieusement serré les lacets du corset afin de montrer qu'en cette occasion c’était elle la patronne. La princesse s’écria :
-Divianne, je te conseille de lâcher un peu de mou tout de suite si tu ne veux pas te retrouver avec la marque du chandelier sur la figure.
-Quelle élégance, Rétorqua la suivante amusée. Cessez de geindre, et tenez vous tranquille. Je n’en ai pas finie avec vous. Quand vous ressortirez de cette pièce vous serez si belle que tous les sénateurs ramperont à vos pieds et leur femme essayeront de vous tuer par jalousie.
-Ce n’est pas dans mes objectifs que de séduire les sénateurs…
-Vous devriez vous intéresser plus à la politique, votre sœur aura besoin de vous pour maintenir ce royaume à flot.
-Que veux tu dire ?
-Rien de plus. Je sais juste que l’équilibre de notre petit royaume a toujours été fragile… Et depuis que votre père et votre frère nous ont quittés, on est nombreux à craindre le pire.
Sveslania ne répondit pas. Elle savait que la suivante avait raison et ne chercha nullement à la remettre à sa place. De toute façon entre la jeune princesse et Divianne , c’est la seconde qui avait toujours le dernier mot.
La suivante qui sentie comme une gêne s’installer reprit avec détachement :
-Alors si vous faire enfiler ce corset peut aider à sauver ce royaume, aucun chandelier au monde ne pourra m’arrêter. Maintenant installez vous devant votre coiffeuse que j’achève ma mission.
Sveslania s’assit sans faire d’histoire devant le meuble laqué élégamment travaillé. La suivante l’y rejoint avec un tabouret.
-Et si vous faites une réflexion sur la taille des Gnomes, le chandelier dans la figure c’est pour vous!
Sur ces mots, la suivante entreprit de démêler la longue chevelure dorée de la jeune femme qui était à l’image de sa garde-robe. La manœuvre prit un certain temps et fit grimacer, à plusieurs reprises, la princesse qui finit par se demander si se faire scalper n’eut pas été moins douloureux.

Ce ne fut qu’une heure plus tard que Divianne, la suivante, poussa un soupir mêlant soulagement et satisfaction. Elle demanda à la princesse de se lever afin de l’examiner de la tête aux pieds.
-C’est parfait, déclara simplement Divianne.
-J’espère que je ne serais pas convoquée au sénat tout les jours…
-Si vous preniez le temps de vous faire une beauté plus souvent cela ne m’aurait pas pris autant de temps… Maintenant filez, ne faites pas attendre votre sœur.
Sveslania sortie de la chambre suivie de Divianne qui la raccompagna auprès de Elfride, le garde posté devant la porte crut d’abord avoir affaire à une invité de marque et fut étonné on reconnaissant la jeune princesse.
-Votre Altesse, annonça la suivante en entrant dans le bureau, Mission accomplie.
Elfride dévisagea sa petite sœur et sourit à la suivante. Celle-ci s’esquiva satisfaite de son travaille.
Les deux sœurs descendirent les escaliers puis sortirent dans la cour du palais où une voiture tirée par deux chevaux les y attendait. Elfride invita sa sœur à s’installer avant d’y grimper à son tour. A son signal, le coche s’ébranla en direction du palais sénatorial. Les deux jeunes femmes n’échangèrent aucunes paroles pendant le trajet. La Reine semblait tendue, Sveslania, elle, mit à profit ce court instant pour rattraper quelques minutes de sommeil.

Un quart d’heure plus tard, la voiture transportant les deux femmes stoppa devant les marches du bâtiment gouvernemental. Le cocher descendit de son attelage, alla ouvrir la porte du transport, et aida, plus part souci de bienséance que par réelle nécessité, les deux sœurs à descendre.
Sveslania regarda autour d’elle. Plusieurs petits groupes de personnes étaient là, tous plongés dans des discussions plus ou moins animés, tandis qu’ils gravissaient les marches du palais et allaient se réfugier à l’intérieur de celui-ci. Elfride invita ça demi-sœur à faire de même. Elles franchirent à leur tour les portes qui se refermèrent aussitôt derrière.

Dès lors, Sveslania crut passer la plus longue et la plus ennuyeuse journée de sa vie. L’assemblée devait être constituée d’une cinquantaine de personne. Les heures passaient, les thèmes défilaient, parfois se transformaient en débats qui devenaient alors plus animés qu’un marché au poisson.
Sveslania ne tarda pas à décrocher, au bout de la deuxième heure. Elle ne s’intéressait guère à la politique mais elle était loin de ne rien comprendre, et l’envie de distribuer quelques gifles se fit sentir en elle à plusieurs reprises. Elle décida donc de se désintéresser de la chose. Elle lorgnait la grande double-porte par où elle était entrée, se demandant quand elle pourrait de nouveau la franchir.

La réunion, qui était exceptionnellement longue, ne prit fin que tard dans l’après-midi. Quand on annonça la fin des débats et de l’assemblée pour ce jour, Sveslania se retint de courir vers la porte.
Elle sortie calmement au côté de son ainée qui, tout en marchant, continuait à échanger avec d’autres sénateurs.
Une fois dehors, la jeune femme constata deux choses, la première étant que le soleil avait déjà commençait à baisser sur l’horizon, et la seconde que son cerveau avait tout intérêt à stopper toutes réflexions sous peine de se réveiller de très mauvaise humeur le lendemain.

Sveslania pouvait se rassurer sur un point, l’assemblée sénatoriale n’avait pas jugé bon de lui confier un quelconque poste au gouvernement. En fait beaucoup doutaient où ignoraient des compétences de la jeune femme. Certains émirent l’idée qu’elle devait faire ses preuves. La proposition retenue fut quelle participerait à l’expédition chargée de repérer l’épave du navire où son demi-frère Fenris avait périt afin d’enquêter dans l’espoir de connaitre les agresseurs que les survivants n’avait put identifier dans le feu de l’action qui s’était apparemment déroulée très vite. Sveslania avait acceptée sans broncher, soulagée de pouvoir se tenir loin des palais et de la politique pendant plusieurs jours, et ce officiellement.
Voyant la reine encore occupée à converser avec des membres de l’assemblée, la jeune femme soupira. Puis elle décida qu’il était grand temps pour elle de tirer sa révérence. Elle salua les quelques sénateurs qui retenaient Elfride et annonça à cette dernière qu’elle préférait finalement prendre le temps de rentrer à pieds.
-Ne traine pas en route, recommanda simplement Elfride, n’oublie que tu dois partir pour Port-le-Neuf demain à l’aube…
-Je ne ferais aucun détour, j’ai juste besoin de... souffler.
Sveslania tourna les talons. La reine la regarda descendre les marches du palais sénatorial, traverser la place encore animé à cette heure, et disparaitre dans une rue en direction de la demeure royale.

L’inconnue ne répondit pas. La jeune princesse tourna les talons et fit mine de continuer son chemin.
-Attendez ! Vous devez m’aider !
Sveslania se retourna une nouvelle fois, non sans ressentir un certain énervement.
-Je… c’est un peu compliqué et…
-Commencez donc par le début, rétorqua Sveslania qui commençait à perdre patience, en me disant qui vous êtes par exemples !
-Oh… je… je me nomme Laurélynn, je viens de Nelassan…
Laurélynn fut interrompu par Sveslania qui venait de sursauter. La jeune femme sentit quelque chose frapper son postérieur ; surprise, elle se redressa. Elle n’eut pas le temps de se retourner qu’elle failli s’écrouler sous un grand poids qui se fit sur son épaule droite. Elle entendit une voix lui murmurer :
-Vous faites très princesse aujourd’hui, princesse.
-Kjel… je vois que tes approches sont toujours aussi pleines de délicatesse…Que fais-tu ici ?
Sveslania réussi à se dégager son épaule du dénommé Kjel, un grand gaillard de large carrure qui venait de s’y appuyer, après avoir élégamment annoncé sa présence par une claque affective sur le postérieur de la jeune femme.
-Ma fois rien de bien constructif… qui est ce? demanda t-il en regardant Laurélynn
-Tu as interrompu les présentations je crois...
Laurélynn, regardait le grand homme sans trop savoir comment elle devait réagir. Visiblement la jeune femme semblait le connaitre et il ne semblait pas agressif bien qu’assez exubérant. Celui-ci invita les tout le monde à finir les présentations dans la taverne devant laquelle ils se trouvaient.
Svslania tenta de protester en annonçant qu’elle n’avait pas le temps mais Kjel la tira par la manche à l’intérieur.
-Décidément c’est une manie aujourd’hui, pensa t-elle.
Elle se laissa cependant entrainer à l’intérieur de l’établissement et se laissa tomber sur un banc à une table libre, non mécontente au fond, de souffler un peu.
Laurélynn avait suivi le mouvement sans trop comprendre. Elle s’assit en face de la jeune femme et regarda autour d’elle avec étonnement. Elle vit Kjel arrivait avec une bouteille et trois grande chope à la main. Il posa le tout sur la table et fit le service avant de s’asseoir à son tour et de prendre la parole :
-Alors ?
-Eh bien voici Laurélynn, elle vient de Nelassan… Et elle va se dépêcher de nous dire ce qu’elle me veut… je n’ai vraiment pas le temps de trainer ce soir.
Kjel fixa Laurélynn, il était étonné de voir quelqu’un du pays de Nelassan chez les humains. Il questionna :
-Tu es une Elfe alors ?
-Non... je... je suis…
Laurélynn regarda de nouveau autour d’elle, voyant qu’elle faisait dos à l’ensemble de la taverne, elle prit le risque de relever partiellement son capuchon.
-Je suis une Dryade…
Les deux humains la regardèrent ébahis. Il y eut comme un temps mort. Laurélynn ne savait trop si elle devait continuer à en dire plus. Kjel regardait la créature avec curiosité et admiration. Il avait souvent entendu des histoires sur les dryades, des créatures de la forêt que peu d’humain pouvaient se vanter d’avoir déjà vu, et voila que l’une d’elles se présentait à lui, dans une taverne.
Sveslania se fit le même genre de réflexion, à ceci près qu’une dryade venant réclamer son aide dans une ville humaine, cela ne pouvait guère annoncer autre chose que des ennuis.
Laurélynn pensa qu’il était temps d’expliquer ce qui l’amenait ici et pourquoi elle importunait ainsi la jeune princesse. Elle entreprit donc de conter ses dernières aventures en rapport avec ses rêves et la prophétie de son peuple. Elle essaya de faire un récit clair et concis sans rentrer dans des détails trop personnels à elle où à son peuple et ne parla pas du collier. D’une part car elle n’était pas sur de pouvoir faire confiance à ces humains et d’autre par car elle sentait un certain agacement de la part celle qui était censé être la principale intéressée. En effet Sveslania n’écoutait que d’une oreille; elle qui n’avait plus l’envie de réfléchir à quoi que se soit, voila qu’une dryade venu du fin fond des bois surgissait pour lui faire par d’une prophétie et qu’elle devait aider la créature à régler ses problèmes.
Tjel quant à lui écoutait le récit de la dryade avec grande attention et presque émerveillement. Il était un peu plus vieux que Sveslania et était né sur le Royaume de L’Exode comme elle. Et comme quasiment tout Exilé ou enfant d’Exilé, il n’avait jamais mit les pieds dans les pays Elfes, hormis leurs ports. Malgré sa carrure et son aspect de grand guerrier, Tjel était quelqu’un de sensible à « ces choses de la nature » comme il les nommait, notamment à la magie de ces mystérieuses contrées forestières habitées par les Elfes et autre créature des bois. Son rêve était que l’Exode et ces peuples puissent un jour s’entendre et que les royaumes de l’archipel ne fassent qu’un.

Quand Laurélynn eut finit son discours, le silence tomba sur la tablée. La dryade se tourna vers la jeune princesse comme pour attendre sa réponse. Mais Sveslania ne répondit pas, elle se contenta de se saisir de la bouteille de rhum et d’en vider le reste de son contenu dans sa chope. Kjel envoya un coup de coude bien placé dans les côtes de la jeune femme et fit mine de s’indigner:
-Svea ! Comment peux-tu ignorer…
Sveslania jeta un regard chargé de fatigue à Kjel.
-Et que veux-tu que Svea fasse ce soir?
-Au moins apporter du réconfort à cette créature en détresse… non ?
Sveslania se leva et se dirigea vers la sortit.
-La nuit tombe… et je dois être demain à Port-le-Neuf, pour embarquer sur le Zéphyr, se contenta t-elle de répondre.
La jeune femme croisa le regard de la dryade qui semblait crier de désespoir. Elle s’arrêta dans son élan et soupira :
-Je suis désolée, ne croyez pas que je puisse rester insensible à vos malheurs... Mais il faut vous rendre à l’évidence… Je ne vois pas en quoi je pourrais vous aider. Vous évoquez des lieux que je ne pourrais sans doute jamais voir de ma vie tout simplement parce que tes amis les elfes n’y acceptent aucun étranger. Je ne sais pas ce qui vous a guidé vers moi, mais vous devez faire erreur…
Sur ces mots, Sveslania franchi la porte de la taverne et se dépêcha de disparaitre à travers les ruelles devenu quasiment désertes.
La dryade réajusta son capuchon en hâte et bondit de sa chaise pour tenter de rattraper la jeune femme, mais Kjel la retint fermement sans lui faire de mal.
Laurélynn essaya de se libéré de l’emprise du jeune homme mais n’y parvint. Elle qui avait trouvé ce grand humain plutôt sympathique, elle lui lança un regard noir plein de reproches.
-Pourquoi faites vous ça ? Je dois la retrouver !
Kjel regarda la dryade dans les yeux et sourit :
-Ne t’inquiète pas, je sais où elle va. Je connais sa mission... Elle doit embarquer demain à bord d’un navire, et il se trouve que je fais partis de l’équipage. Je peux m’arranger pour te faire monter à bord, et si Svea ne voit pas comment t’aider… et bien nous chercherons à sa place, que ça lui plaise ou non, ajouta t-il avec un clin d’œil.
Laurélynn leva ses yeux et croisa le regard de Kjel. Soudain elle se souvint des mises en gardes des Elfes.
- Pourquoi m’aideriez-vous finalement ? interrogea Laurélynn, devenu soudainement soupçonneuse. Les Elfes m’ont dit que les humains attendaient toujours quelques choses en échange!
-Mais certains humains se préoccupent aussi des choses qui poussent, des forêts et de leurs habitants…

-Mais certains humains se préoccupent aussi des choses qui poussent, des forêts et de leurs habitants…

Laurélynn regarda l'homme, le regard agrandi par la stupeur. Après les histoires et les mises en gardes des elfes sur les humains, elle n'aurait jamais cru que l'un d'entre eux puisse se soucier de la nature. d'autant que la carrure de celui ci ne prêtait vraiment pas à croire qu'il fut un protecteur de cette dernière.

- Vraiment ? Demanda t-elle un peu septique. Vous n'avez pourtant pas le profil d'un défenseur de la nature.
- Un conseil jeune fille. Ne te fie pas uniquement aux apparences. Cela pourrait te jouer de vilains tours. Répondit il un plus plus froidement qu'il ne l'aurait voulu.

Il se reprit très vite en ajoutant.

- Toute mon enfance j'ai entendu des histoires vous concernant toi et tes semblables. J'ai toujours cru que votre race avait disparu depuis longtemps. J'ai entendu dire que vous ne pouviez vivre qu'a proximité de l'arbre qui vous a vu naitre. Comment se fait il que tu es pu voyager si loin de ta terre natale?

Laurélynn se mordit la lèvre inférieure en proie à l'indécision. Comment lui expliquer ce miracle sans trahir le secret de son amulette. Elle réfléchi quelques minutes et lui répondit évasivement.

- Les dryades ont effectivement disparus... Je suis la dernière d’entre elles. C'est pourquoi avant de disparaitre à son tour, l'ancienne de ma forêt m'a octroyé le moyen de voyager en même temps que le sort de protection visant à me protéger moi et mon arbre de la corruption. Elle savait qu'il me faudrait m'éloigner du royaume pour trouver un remède... si jamais il existe...

Elle soupira longuement. Parfois elle doutait que la prophétie se réalise. Que pouvait bien faire une dryade toute seule et qui ne connaissait rien au monde? Comment un gland pouvait il la guider vers un remède pour son peuple que personne ne connaissait ?
Comme s'il avait lu ses pensées Kjel lui posa une main sur l'épaule qui faillit faire flancher la frêle créature des bois.

- Ne t'en fais pas; lui dit il doucement. Je suis sûr que tu parviendras à purifier ta forêt. Je t'y aiderais...

Baissant timidement les yeux elle lui murmura doucement un merci.
Kjel lui répondit par un sourire qui adoucit ses trait de manière stupéfiante. Puis il fronça les sourcils et prit un air soucieux.

- Prend comme même garde à toi. Je connais aussi des hommes qui ne lésineraient pas à te capturer pour te vendre comme une bête de foire. Reste méfiante et de dévoile pas tes origines à n'importe qui. Tu sais où dormir, cette nuit?

La jeune femme avait encore du mal à croire qu'un humain puisse se montrer si bienveillant envers elle. Mais elle se sentait aussi très seule et appréciait la compagnie de quelqu'un qui semblait vouloir l'aider sincèrement.
Lorsqu'elle lui indiqua qu'elle dormirait dans le bosquet à l'extérieur de la ville, il s’inquiéta avant qu'elle lui rappelle ce qu'elle était et que par conséquent elle était habitué à vivre au milieu de la nature.
L'humain donna rendez vous à sa nouvelle amie, un peu avant l'aube devant la taverne. Il devait gagner Port le neuf avec un convoi de chariots, chargés de transporter les vivres et les hommes qui serviraient à bord du Zéphyr. Kjel espérait qu'en arrivant suffisamment tôt sur le lieu de chargement, il pourrait faire monter la dryade en douce dans le chariot de matériels qu'il devait conduire. Comme elle ignorait comment se repérez dans la citée humaine, le jeune homme tira un morceau de parchemin de sa poche et se saisissant d'un morceau de tison éteint, traça un plan afin d'aider la dryade à se repérer dans la ville. Après quoi il la raccompagna jusqu'à la sortie, avant de rejoindre son logement. Il avait de nombreuses choses à régler avant son départ.

Tandis qu'il s'éloignait, Laurélynn le regarda disparaitre dans les ombres, puis serrant le plan qu'il lui avait remis, contre son cœur, se dirigea vers le bosquet. Elle étudia chaque arbre pendant un long moment avant d'arrêter son choix à un vieux et imposant chêne. Posant ses mains délicates sur son tronc, elle entra en contact avec l'esprit du vénérable, lui demandant la permission de se reposer en ses branches et le remercia pour sa protection.
Puis elle grimpa jusqu'à une épaisse branche, avec l'agilité d'un écureuil, où elle s'installa confortablement avant de se mettre à chanter doucement. Un chant porteur d'espoir et de réconfort qui sembla apaiser la forêt elle même et adoucir la lumière de la lune.

Quand elle put enfin accomplir le simple geste, qui était de refermer la porte de sa chambre derrière elle, Sveslania poussa un soupir de soulagement. La première chose qu’elle fit ensuite fut de retirer son corset et de le jeter sur une chaise, après quoi elle se laissa tomber sur le dos sur son lit à baldaquin.
Bien que le crépuscule fût déjà tombé, il n’était en réalité pas bien tard. La jeune princesse tout en restant allongée, parcouru pensivement sa chambre du regard. Elle se remémora sa journée qu’elle avait encore du mal à encaisser. Elle qui avait toujours veillé à faire discrètement sa petite vie sans rien demander à personne pour ne pas être redevable ensuite, voila que d’un seul coup on lui demander de résoudre des problèmes qui n’étaient pas de son ressort. Bien sur, la disparition de son demi-frère la concernait et elle plus que tout autre voulait connaitre la vérité, néanmoins elle ne voyait pas comment elle pouvait se rendre utile dans une telle enquête. Et puis ensuite il y avait eu cette dryade et son histoire, et là c’était le bouquet, pensa Sveslania. Elle s’endormit finalement sans même prendre le temps de préparer quelques affaires pour le lendemain.
Son sommeil fut profond et réparateur. Elle ne rouvrit les yeux qu’au petit matin, un peu avant l’aube, réveillée par un corbeau qui vint tapoter sont bec à la fenêtre. Sveslania s’assit sur sont lit et regarda la volatile prête à la maudire pour l’avoir tirée de son sommeil de si bonne heure. La jeune princesse se rappela soudain quel était son programme de la journée et se leva brusquement. Le corbeau s’envola et s’en alla, en croassant, tournoyer dans l’ombre de la tour d’en face.
Sveslania se dirigea vers sa garde-robe et farfouilla un peu avant de trouver ce qu’elle cherchait : un ensemble de vêtements à la fois pratique mais qui ne dépareillerait pas avec son statut de princesse car même si cela ne l’enchantait guère de révéler son statut social, elle était dès à présent en mission officielle et se devait de faire bonne figure.
Quant enfin elle trouva son bonheur, Sveslania ne fut pas longue à se préparer. Elle enfila un pantalon plutôt ample, une tunique de bonne facture qu’elle serra à l’aide d’une large bande de tissu de soie aux motifs soigneusement tissées et une paire de botte richement travaillée.
Elle s’équipa ensuite de sa rapière puis attrapa une besace qu’elle gardait toujours pleine d’objets hétéroclites avant de sortir de sa chambre et de dévaler les escaliers. Elle sortit dans la grande court et commença à se diriger vers les écuries quand elle s’arrêta net dans sa course ; du coin de l’œil Sveslania venait d’apercevoir la silhouette d’une calèche stationnée dans un coin de la court. La jeune princesse devina que se serait son moyen de transport pour Port-le-Neuf et fit la grimace, car elle avait prévu de chevaucher sa propre monture et non de se morfondre assise dans une voiture secouée par les imperfections de la route.
Elle vit Elfride venir à sa rencontre, mais avant que celle-ci puisse prendre la parole, Sveslania lui lança sur un ton de reproche:
-J’irais plus vite à cheval qu’avec ça tu sais…
-Tu as le temps d’arriver, le bateau ne part que demain, tout ce qui compte c’est que tu sois à Port-le-Neuf ce soir. Et puis tu n’es pas la seule à être du voyage.
-Première nouvelle… je vais devoir taper la causette à qui ?
-Un sénateur est du voyage. C’est lui qui est en charge de cette mission. Considère-le comme ton supérieur et aussi ton mentor.
Elfride baissa la voix :
-Mais si tu pouvais t’arranger pour avoir une longueur d’avance sur lui dans cette enquête et faire en sorte que je sois informée de son avancement avant le sénat…
-Ça promet… soupira Sveslania. Et de qui s’agit-il ?
-Arkadios, le voila qui arrive d’ailleurs.
La jeune princesse se retourna pour voir le nouvel arrivant et sentit soudain que le voyage allait être long. Elle se souvenait du sénateur Arkadios. Celui-ci s’était exprimé longuement lors de l’assemblée de la veille. C’était un homme d’âge mûr encore plein de vitalité qui savait très bien manier les mots. Cependant Sveslania n’avait guère apprécié le personnage. Celui-ci avait en effet constamment cherché à la rabaisser devant le Sénat et la raison de ce mépris lui échappait totalement.
Sveslania tourna le dos au sénateur et grimpa dans la calèche sans dire un mot, se calla dans le fond et attendit que ce dernier eu finit de régler avec la Reine les derniers détails concernant la mission.
Le sénateur monta à son tour dans la voiture salua poliment la princesse comme si de rien n’était et s’installa sur la banquette qui lui faisait face. Sveslania s’étonna que le coche ne se mit pas en route sur le champ car d’habitude celui-ci démarrait avant même que la princesse ait eu le temps de s’asseoir et manquait presque à chaque fois de s’étaler sur les pieds des autres passagers ; la jeune femme n’avait jamais fait le rapprochement avec le fait que c’était toujours elle que le coche attendait en dernier. L’attente se prolongeant, Sveslania allait jeter un coup d’œil à l’extérieur quand elle entendit des voix ; elle n’eut pas le temps de relever le rideau de velours pour voir ce qui se passait dehors, qu’elle sentit quelqu’un montait dans la calèche. Elle vit apparaitre jeune femme richement vêtu à l’instar des dames de la cour. Celle-ci s’assit à coté du sénateur Arkadios en lui adressant un sourire mais ne prit même pas la peine de se présenter ; il s’agissait de Lahja Sakapoika, une magicienne renommée notamment dans les domaines de la conjuration et de la divination. A peine fut-elle installé, qu’un pas lourd se fit ressentir sur le marchepied du coche. Un Nain fit irruption à son tour dans l’habitacle et salua les trois passagers déjà installés avant de se présenter avec courtoisie sous le nom de Tankred Onttonen. Il fit mine de s’assoir à coté de Sveslania. La jeune femme qui s’était étalé sans gêne sur la banquette se recroquevilla à contrecœur pour lui laissait la place. Il s’assit avec un énorme grimoire sur les genoux. Il retira son chapeau qu’il posa avec un soin extrême sur un des crochets dont était équipée la voiture. Ce fut comme un signal pour le coche qui se mit en route au même moment. La voiture s’ébranla puis décrivit un large demi-tour dans la cours avant de franchir la haute porte fortifiée du château. La calèche dévala ensuite la rue principale en direction des portes de la citadelle et s’arrêta à hauteur des garde chargé de surveiller les entrées-sorties. Elle repartit aussitôt après avoir été rejointe par six cavaliers chargés d’escorter les voyageurs jusqu'à Port-le-Neuf.